Au-delà de la simple protection du patrimoine,
l’or peut-il se révéler un investissement intéressant ?
Pour répondre à cette question, il faut regarder les fondamentaux de ce marché.
Bien que les banques centrales du monde entier affirment détenir près de 20% du stock total d’or extrait du sol durant l’Histoire de l’Humanité, l’or est censé n’être plus aujourd’hui qu’une simple ” matière première “.
Observons donc à quels usages cette ” matière première ” est employée.
Aujourd’hui, l’or n’est plus guère employé afin de frapper des pièces de monnaie ou lingots monétaires (même si cet usage redevient en vogue depuis quelques années).
L’essentiel de la consommation d’or aujourd’hui (60 à 70%) provient de l’industrie de la bijouterie. En particulier la demande bijoutière de certains pays (Inde, Turquie…) où l’or conserve un rôle important pour des raisons culturelles.
Mais l’or a aussi d’autres applications industrielles comme les prothèses dentaires ou surtout la microélectronique, un usage en très forte croissance du fait de l’explosion de la demande d’iPhones, de téléphones portables, de micro-ordinateurs…
Il reste également une part minoritaire mais en très forte croissance ces dernières années consacrée à l’or d’investissement : pièces et lingots, ETFs, etc.
Additionnées, ces différentes demandes d’or représentent une consommation d’environ 3 500 tonnes d’or par an.
Du côté de la production d’or maintenant, l’industrie minière extrait chaque année 2 000 à 2 500 tonnes d’or par an.
Une grande partie de la production mondiale se concentre en Afrique du Sud, un pays où le secteur minier semble avoir de grosses difficultés à maintenir un niveau de production satisfaisant. Malgré quelques découvertes ponctuelles de nouveaux gisements, la production minière a tendance à décliner année après année en raison notamment de l’ancienneté des mines actuelles, des infrastructures vieillissantes (problème d’approvisionnement en électricité notamment pour l’Afrique du Sud) ou de l’évolution des rapports sociaux qui conduit à une augmentation des coûts de production.
On le voit, le déficit de production est très important : 1 000 à 1 500 tonnes par an.
A moyen ou long terme, une telle situation de marché conduira nécessairement à une explosion à la hausse des cours de l’or.
Ce déficit est comblé pour une petite part par le recyclage. En effet, contrairement à beaucoup d’autres ” matières premières ” l’or de bijouterie peut être refondu et réutilisé. Ce n’est pas le cas en revanche des applications électriques ou électroniques de l’or pour lesquelles la matière est détruite et non-recyclable.
Mais le seul moyen de combler un déficit aussi important est constitué par les ventes d’or des banques centrales.
Certaines banques centrales occidentales disposant de stocks d’or relativement importants ont en effet entrepris depuis plusieurs années de vendre progressivement leur or afin d’éviter une situation de pénurie et afin de soutenir ainsi artificiellement les devises papier. Ces ventes d’or sont le plus souvent coordonnées dans le cadre d’opérations de ” sauvetage du dollar ” ou bien visant à masquer à la population la réalité de l’inflation.
A l’inverse, puisque l’or est aussi un enjeu dans le rapport de forces monétaire au niveau mondial, d’autres banques centrales (la Chine en tête) accumulent progressivement de l’or et augmentent constamment leurs réserves.
Cet effort des banques centrales pour freiner la hausse de l’or n’est que partiellement couronné de succès. En effet, si l’once d’or valait moins de 300$ en 2001, elle vaut aujourd’hui dans les 1000$ en 2010.
Combien de temps encore les banques centrales peuvent-elles jouer ce rôle de manipulation du marché de l’or ?
Si l’on se base sur les déclarations officielles de réserves, l’ensemble des banques centrales ainsi que le FMI disposeraient ensemble de 30 000 tonnes d’or. Ce chiffre est néanmoins remis en cause par certains organismes indépendants tels que GATA (Gold Anti-Trust Action Committee) qui affirment que les réserves réelles sont de moitié inférieures à ces déclarations. Selon eux, une grande partie de l’or des banques centrales aurait été prêté depuis longtemps à certaines banques d’affaires américaines qui ont déjà revendu cet or sur les marchés il y a plusieurs années. Les banques centrales n’étant pas obligées de distinguer dans leur comptabilité l’or prêté (et probablement perdu) avec l’or réellement présent dans leurs coffres, cela serait la cause de l’ambiguïté actuelle des chiffres déclarés.
15 000 tonnes d’or, c’est toutefois un stock très important. Mais rapporté à la demande, ce n’est qu’à peine plus de 4 années de consommation mondiale.
Il faut aussi noter que certains pays, autrefois gros vendeurs d’or, sont en train de réduire le volume de leurs ventes, voire de redevenir net acheteurs. C’est le cas de pays comme le Royaume-Uni ayant déjà liquidé il y a longtemps la quasi-totalité de leur or, ou comme l’Allemagne qui ne souhaite pas gâcher définitivement ses chances de peser un jour dans les négociations d’un nouveau système monétaire mondial.
Les fondamentaux économiques plaident donc pour une hausse importante de l’or à moyen et long terme du fait d’une situation de marché tout à fait déséquilibrée que ne pourront bientôt plus contenir les banques centrales ni le FMI.
De nombreux économistes pensent que le cours de l’once d’or (environ 31 grammes) pourrait d’ici quelques années valoir plusieurs milliers de dollars.
Si votre but est l’investissement à long terme, l’or n’est donc probablement pas un mauvais placement à envisager.