Sauvetage Italie
CRISE/La zone euro envisage de voler à la rescousse de l’Italie
Bruxelles (awp/afp) – La zone euro étudie la possibilité d’offrir l’assistance de son Fonds de secours financier à l’Italie afin d’éviter la contagion de la crise de la dette et se rapproche d’un accord pour soulager la Grèce surendettée en demandant un effort très important à ses banques créancières.
Les pays de l’Union monétaire réfléchissent à une possible activation du FESF pour acheter de la dette italienne afin d’éviter que les taux d’emprunt du pays sur le marché obligataire ne s’envolent, ont indiqué lundi deux sources diplomatiques, alors que Rome se finance actuellement à des taux proches de 6%. Un niveau difficilement compatible dans la durée avec une dette pesant plus de 1.900 milliards d’euros.
Cette option est examinée notamment par des hauts fonctionnaires de la zone euro réunis au sein d’un groupe de travail chargé de préparer le sommet de mercredi, a indiqué une des sources à l’AFP, confirmant une information du quotidien Le Monde.
L’idée est de demander à Rome “des mesures pour démonter qu’il n’y a pas de risque que l’Italie devienne un jour la Grèce” et, en attendant que les marchés soient pleinement rassurés, de lui permettre de s’adosser au FESF, a expliqué l’autre source.
Instrument financier indispensable dans la gestion de la crise de la dette, le FESF vient de voir ses pouvoirs renforcés: il peut acheter désormais de la dette déjà en circulation, afin d’aider les pays qui se financent à des taux prohibitifs et soulager les banques plombées par ces actifs dévalorisés.
Si le FESF est bien activé, ce sera la première fois qu’il intervient de la sorte sur les marchés, se substituant à la Banque centrale européenne (BCE) qui remplit aujourd’hui cette mission à contrecoeur. Elle aide l’Italie et l’Espagne de cette manière depuis le mois d’août.
Rien ne dit toutefois que ce scénario va se concrétiser car il est politiquement sensible pour Rome, qui doit en contrepartie donner des gages concrets à ses partenaires sur la réduction de la dette de son pays et la réforme de son économie.
Dimanche, à Bruxelles, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été sommé d’agir. Résigné, il a annoncé la tenue d’un conseil des ministres, qui devait débuter lundi vers 18H00 (16H00 GMT). Objectif: prendre des mesures sur les retraites et probablement relever l’âge de départ à 67 ans.
En parallèle, les négociations se poursuivent en vue du sommet de mercredi censé apporter une réponse décisive à la crise de la dette qui ronge l’Union monétaire depuis bientôt deux ans.
Les Européens doit trouver un moyen d’augmenter la force de frappe du FESF pour éviter précisément la contagion. La chancelière allemande Angela Merkel veut être en mesure de présenter mercredi matin les grandes lignes d’une solution à la chambre basse du Parlement (Bundestag), avant de se rendre à Bruxelles.
Car les députés allemands doivent dorénavant être impliqués dans toute utilisation ou modification du FESF, et contrairement à ce que prévoit le dispositif législatif, c’est toute l’assemblée qui devra se prononcer pour donner un mandat, et pas seulement la commission du Budget, a indiqué à l’AFP une source proche de la majorité conservatrice.
Plusieurs hypothèses sont évoquées, éventuellement cumulables: un modèle qui verrait le FESF agir comme assureur de la dette émise par les pays en difficulté; une solution qui consiste à créer un fonds spécial adossé probablement au Fonds monétaire international (FMI) et abondé sur la base du volontariat, par exemple par des pays émergents comme la Chine.
Enfin une troisième option propose de créer un véhicule adossé au FESF, pour attirer investisseurs publics comme privé.
Autre chantier: stabiliser la Grèce surendettée en mettant plus fortement à contribution le secteur financier, qui s’était déjà engagé en juillet dernier à subir des pertes de l’ordre de 21%.
La zone euro est “relativement proche” d’un accord avec les créanciers privés de la Grèce, a indiqué lundi la Commission européenne.
Selon une source diplomatique, le lobby bancaire qui négocie avec les Etats propose une “décote” (perte en jargon financier) volontaire de 40% alors que la zone euro table au minimum sur un effacement de la moitié de la dette grecque.
Les investisseurs grecs sont inquiets de l’impact. La Bourse d’Athènes a chuté lundi de 4,51% car une trop forte décote affecterait lourdement les banques grecques, avec de probables répercussions aux ménages et aux entreprises.
Ailleurs en Europe, la Bourse de Paris a gagné 1,55% et Francfort 1,41%.