L’or a retrouvé tout son éclat.
D’avril à juin 2016, la demande mondiale est ressortie à 1.050 tonnes, contre 910 tonnes un an plus tôt, a indiqué le Conseil mondial de l’or (CMO), une fédération qui réunit les grands producteurs de métal jaune de la planète.
Sur six mois, elle a atteint 2.335 tonnes, non loin du record de 2.372 tonnes enregistré au premier semestre 2013, a précisé le CMO à l’AFP.
Un engouement essentiellement lié à un bond de la demande d’or en tant qu’investissement, qui a été multipliée par presque 2,5 au deuxième trimestre sur un an, à 448 tonnes. “Les investisseurs cherchaient à diversifier leurs risques et à acquérir des valeurs refuge face à une instabilité politique, économique et sociale continue“, a souligné le CMO, citant l’élection américaine, le référendum britannique sur le Brexit ou encore le caractère de plus en plus risqué du secteur bancaire en Italie comme facteurs d’incertitude à même d’encourager la demande d’or.
De janvier à juin 2016, la demande d’or en tant qu’investissement a ainsi affiché un niveau record de 1.064 tonnes, soit 16% de mieux que son précédent plus haut historique, enregistré au premier semestre 2009, en plein cœur de la crise financière. C’est la première fois dans l’histoire des statistiques du CMO que l’investissement ressort comme la plus importante composante de la demande d’or sur deux trimestres consécutifs, “ce qui est vraiment très inhabituel“, a expliqué à l’AFP John Mulligan, du Conseil mondial de l’or. Les investisseurs occidentaux et professionnels, qui comptent pour l’essentiel de cette demande, ont cherché à se tourner vers des valeurs plus rentables face “à la liste d’actifs de plus en plus nombreux dont le rendement est négatif ou nul“.
Ceci a été particulièrement marqué du côté des flux entrants de trackers (fonds d’investissements adossés à des stocks physiques d’or), qui, selon le CMO, “ont connu une première moitié d’année extraordinaire“, atteignant près de 580 tonnes de janvier à juin 2016. A la fin du mois de juillet, ces flux entrants de trackers s’établissaient à 660 tonnes sur un an, soit une progression supplémentaire de 80 tonnes par rapport à la fin juin, a noté M. Mulligan. Or, “47% sont des trackers européens, ce qui montre aussi l’ampleur récente de l’investissement en Europe occidentale et reflète de nouveau un haut niveau d’incertitude“, notamment dans le sillage du vote en faveur du Brexit.
Mais la croissance de la demande d’or en tant qu’investissement, qui a fait bondir les prix du métal jaune de 25% depuis début 2016, a pesé à l’inverse sur les achats de bijoux ainsi que sur la demande des banques centrales. L’intérêt pour le métal jaune dans le domaine de la joaillerie a en effet continué à reculer au deuxième trimestre, déclinant de 14%, à 444 tonnes, en particulier chez ses deux principaux consommateurs, la Chine et l’Inde, où la demande a reculé de respectivement 15% et 20% sur un an. L’attrait pour le métal jaune des banques centrales, en chute de 40% au deuxième trimestre, a également été affecté par la hausse des prix, a noté le CMO.