Depuis quelques mois, un vent d’optimisme souffle sur l’économie mondiale. “L’activité économique s’est accélérée, dans un contexte de politique monétaire et financière globalement accommodante. Les taux d’intérêt à long terme ont progressé, contribuant à accroître les bénéfices des banques et des compagnies d’assurance. La hausse des prix de nombreux actifs témoigne de perspectives plus optimistes”.
“Aux États-Unis, les marchés boursiers ont battu des records de hausse en mars, les investisseurs espérant une réforme fiscale, des dépenses d’infrastructures et un assouplissement de la réglementation. Ailleurs, les Bourses ont elles aussi régulièrement augmenté depuis six mois, en partie grâce aux meilleures anticipations de croissance et à la hausse des cours des produits de base”, relève le Fonds monétaire international (FMI). Pour autant, l’institution s’interroge, se demandant si un tel optimisme est réellement justifié, alors que de nombreux risques couvent… Tour d’horizon.
L’incertitude autour des politiques économiques est un risque majeur
Les inconnues entourant la situation politique et les politiques économiques dans le monde font “naître de nouvelles menaces”. Aux États-Unis, si la trajectoire de croissance et de dette devait être moins favorable que prévu, suite aux réformes fiscales (abaissement de l’impôt sur les sociétés) et à la déréglementation attendues, les taux d’intérêt pourraient fortement augmenter (du fait d’une prime de risque, et donc d’une exigence de rémunération accrue), et la volatilité aussi, mettant “alors en péril la stabilité financière”…
Dans les pays avancés, “une orientation protectionniste pourrait réduire la croissance et les échanges mondiaux, freiner les mouvements de capitaux et refroidir les marchés”. En Europe, “les tensions politiques, qui s’ajoutent au manque de progrès face aux difficultés structurelles” (trop forte densité de banques, persistance de banques faibles, possibilités de prêts limitées, excès d’actifs aux bilans des établissements…) des systèmes bancaires et à l’endettement élevé, “pourraient raviver les craintes d’instabilité financière”, juge l’institution.
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La solidité des entreprises américaines en question
Outre-Atlantique, les réformes fiscales et la déréglementation prônées par Trump pourraient inciter les entreprises “à prendre davantage de risques financiers” (et à s’endetter). Ceci pourrait accroître, dans certains secteurs (énergie, services aux collectivités et immobilier, notamment), “un endettement déjà élevé”. Les firmes des secteurs “qui ont investi le plus sont aussi les plus endettées”, et elles “deviendront plus vulnérables si les nouveaux investissements sont financés par endettement”, prévient le FMI. Dans un scénario de hausse des taux d’intérêt dans le monde, “un endettement élevé pourrait avoir des conséquences négatives sur la stabilité financière”…
Les pays émergents pourraient traverser une phase de turbulences
Du côté des pays émergents, s’ils ont continué “de renforcer leur résilience en diminuant l’endettement des entreprises et en réduisant les facteurs externes de vulnérabilité” et voient leur croissance s’améliorer, “les risques d’instabilité financière restent élevés. Un revirement soudain de l’état d’esprit (pour l’heure favorable) des marchés ou un retour des politiques de repli sur soi protectionnistes à l’échelle mondiale pourraient relancer les sorties de capitaux et compromettre les perspectives de croissance, ce qui mettrait à l’épreuve la résilience de ces pays”.
En Chine, “des risques croissants menacent la stabilité financière alors que le crédit continue d’augmenter rapidement. Les actifs des banques chinoises représentent aujourd’hui plus de trois fois le PIB du pays, et d’autres établissements financiers non bancaires sont eux aussi davantage exposés au risque de crédit. Les turbulences qui ont secoué récemment les marchés monétaires illustrent les vulnérabilités qui demeurent dans un système chinois de plus en plus vaste, opaque et interconnecté”, s’alarme le FMI. Au final, le danger peut venir des pays développés comme des pays émergents. Les investisseurs seraient bien inspirés de rester sur leurs gardes…