Huit arguments
Huit arguments en or
Revenons à notre métal jaune. La banque Gonet & Cie a pris la peine de rassembler les raisons pour lesquelles elle conseille de se positionner sur l’or, ce qui permet d’en faire un catalogue synthétique.
Les grands classiques : le “gros de la troupe”
– une valeur refuge : l’or “ne peut être dupliqué à volonté” — mais pourquoi donc pensez-vous aux monnaies fiduciaires ? — et “ne dépend pas de la souveraineté des Etats”. Dans les périodes sombres, l’or “a fait ses preuves”, Gonet citant l’exemple de la crise argentine, durant laquelle “les propriétaires d’or n’ont pas souffert de l’énorme dévaluation de la monnaie locale” ;
– une protection contre l’inflation… : “la création monétaire excessive des banques centrales déprécie la valeur de la monnaie”. Logique : quand la masse de monnaie en circulation gonfle de 10% l’an et que la croissance de la richesse correspondante, mesurée par le PIB, n’est que de 2%, chaque unité monétaire se dévalorise mécaniquement. Toute ressemblance avec une situation réelle serait fortuite… Grâce à sa rareté, “l’or maintient sa valeur” ;
– … et contre la stagflation : la performance de l’or se tient bien dans les périodes de stagflation, surtout lorsque les taux d’intérêt réels (taux nominaux diminués de l’inflation) sont négatifs ;
– un “antidote contre la baisse du dollar et la remonétisation de l’or” : la première partie de l’argument est connue, l’or ayant tendance à évoluer à l’inverse du dollar. La seconde l’est moins : “une baisse du dollar n’est pas une condition nécessaire à la hausse de l’or”,indique Gonet. Qui a dit que les monnaies ne pouvaient qu’être fiduciaires ? A en croire Gonet, l’or fait de facto concurrence aux devises classiques — et pas seulement au billet vert.
Des arguments “bonus” : les cerises sur le gâteau
– “les achats par les banques centrales” :le mot est lâché. Nombre de banques centrales ne possèdent que peu d’or en proportion de leurs réserves de changes — 1,1% pour la Chine, sachant “qu’une augmentation à 2% signifierait l’achat de 400 tonnes d’or”. Et “plusieurs banques centrales lorgnent sur le métal jaune”, dont la Russie, l’Iran, et le Nigéria, sans oublier quelques fonds souverains, relève Gonet ;
– l’ouverture du marché de l’or en Chine, qui renaît depuis quelques années. Il n’est pas encore adulte, “l’importation de métal jaune [étant] soumise à d’importantes taxes et le nombre de négociants restant limité”. Mais ce marché “n’en est qu’à ses débuts et promet une importante croissance” ;
– la hausse de revenu des pays émergents, alors que ce sont “les nations qui consomment le plus d’or par habitant” ;
– les nouvelles applications industrielles, dont nous vous avons parlé pour les métaux rares et l’argent, sont à l’étude. Deux pistes principales pour l’or, selon Gonet : “les pots catalytiques et la nanotechnologie” ;
– par rapport aux actions, l’or est peu cher : si sa parité avec le Dow Jones était de 800 en 1980, “le Dow Jones vaut 11 fois le métal jaune” aujourd’hui.
La conclusion ?
Gonet en conclut que “l’or a de brillantes perspectives” grâce à des fondamentaux qui combinent “des éléments de rareté, de sécurité et de diversification du risque”, puisque son évolution”est peu corrélée aux autres actifs financiers”.
En clair : il est désormais impossible de considérer les acheteurs d’or comme de doux dingues adeptes d’obscures théories du complot. Cela n’a pas toujours été le cas…
La tendance haussière du métal jaune est appelée à durer
La banque suisse considère toujours que l’or a “un énorme potentiel. La tendance haussière du métal jaune est appelée à durer. Cependant, des accès de volatilité ne sont pas à exclure, car la spéculation joue un rôle important”. Accrochez donc vos ceintures, le voyage promet d’être mouvementé…
Concluant en conseillant l’usage d’ETF et de certificats aurifères “quanto” (protégés contre l’effet de changes), Gonet “table sur une progression régulière du cours qui devrait franchir les 1 200 $ l’once au plus tard en 2010”.
En ce qui nous concerne, nous voyons un peu plus loin, avec une once d’or à 1’400 $… mais 1 200 $, c’est un début !